Le Sep 23, 2009 | Publié dans:
Muses en vrac
Pendant près de 40 ans, le royaume se vautrait dans la guerre civile. São Salvador en ruine, les dynasties rivales avaient installé leurs bases dans l’arrière pays, à Lemba pour les uns, Kibangu pour les autres. A la fin du XVIIè siècle, apparut une jeune femme,
Kimpa Vita, baptisée Dona Béatrice, affirmant être possédée par l’esprit de Saint Antoine. Il lui aurait donné mission de réunir le pays. En 1702 elle se rapproche de Pierre (Pedro) IV, régnant à Kibangu à l’est de la vieille capitale, l’enjoignant de remplir le rôle d’unificateur. Il lui aurait suffit selon elle, qu’il se réinstalla à São Salvador et saint Antoine aurait protégé son trône. Après le refus de Pierre IV, le trône de Mbanza Kongo étant devenu synonyme de déclaration de guerre pour quiconque l’occupe, elle se rabattit sur son rival Jean III (Nzuzi Ntamba) de Lemba appelée aussi Mbuula (les mannes), au sud du fleuve Kongo. Ce dernier qui n’osa lui non plus prendre le risque, avança pour prétexte qu’il était le roi légitime du Kongo, et que désormais la capitale serait chez lui à Mbuula/Lemba. D’ou la célèbre réplique de Pierre IV son rival, “
Nkombo ka ghanda lemba, ndozi ngo kondo pele“, à savoir
“si le bouc hérite du trône, il ne peut s’empêcher d’être troubler par des cauchemars sur le lion”). Elle prit son courage à deux mains et alla s’installa elle-même dans la capitale ruine, en prêchant sur son passage la renaissance du royaume grâce à sa révélation. Bientôt elle fut rejointe par des milliers de convaincus qui s’installèrent à Mbanza Kongo. Elle y développa sa pensée religieuse aujourd’hui connue sous le nom de
doctrine des antoniens.
[Le témoin qui rapporte le sens de cette doctrine faisant partie de ses bourreaux, l’historien doit prendre l’interprétation qu’il en fait avec des pincettes et non au pied de la lettre. Par crainte de mauvaise foi, ou simplement d’incompréhension d’un contexte philosophique Kongo]. A l’en croire, Jésus, Marie et saint François seraient selon Kimpa Vita, des Koongo. Bethleem se trouverait en Nsundi tandis que Jérusalem ne serait autre que Mbanza Kongo.
“C’est notre propre religion qu’ils ont travesti et qu’ils essaient de nous revendre“, clamait la prophétesse.
Kimpa vita avait réussit très vite à ramener la vie et la paix à Mbanza kongo/Sao Salvador, mettant dans l’embarras les deux prétendants rivaux au trône. Mais en 1706, celle qui se disait vierge accoucha d’un petit garçon dont on attribua la paternité à Jean, son plus fidèle lieutenant. Les prêtres catholiques portugais en profitèrent pour l’accuser d’hérésie
et faire douter ses adeptes de sa pureté, et donc, de sa sincérité. Ils donnèrent l’occasion à Pierre IV (qui n’avait pas digéré que la prophétesse eut recours à son rival) d’entrer dans la ville, de la saisir et de la laisser juger par les prêtres européens qui la condamnèrent pour hérésie et la brûlèrent au bûcher. Son action fut décisive à la réhabilitation et la réunification du royaume.
*Nota: Il faut relever qu’il n’existe aucun témoignage affirmant que Kimpa Vita eu une grossesse, ni qu’elle se cacha durant une période suffisante pour dissimuler une grossesse. Sachant qu’elle n’avoua pas non plus la maternité (elle aurait pu prétexter que c’est l’enfant mystique conçu par saint Antoine et qu’il sera roi), il semble probable qu’elle recueillit un orphelin. Le reste n’étant que prétexte pour récupérer le trône de la part du roi Pierre IV et empêcher une concurrence du culte pour les missionnaires locaux qui déployaient une énergie féroce afin de tuer la religion autochtone.
Source : historiensducongo.unblog.fr
[…] d’informations dans l’article Kimpavita publié le […]